Vivre un échec est un moment frustrant et plein d’émotions. C’est un moment aussi où la tentation est grande de tout abandonner. Pourtant, nous avons tout avantage à dépasser nos échecs et à persévérer. En effet, les échecs sont des expériences dont nous avons beaucoup à apprendre. Savez-vous qu’en chinois, l’idéogramme qui signifie « crise » est composé de deux autres idéogrammes signifiant « danger » et « opportunité ». Et ces derniers idéogrammes étant eux-mêmes constitués de plusieurs signes, on y retrouve les notions de « suspension » et de « chance » (source : http://www.communication-sensible.com/articles/article0151.php). C’est donc un peu comme si la crise, et l’échec en est une, était un instant suspendu dont on pourrait ressortir du bon ou du mauvais côté.
Je vous propose ici quelques clés pour vous aider à atterrir (plutôt que tomber, cela laisse moins de place au hasard) du côté de l’opportunité.
Exprimez vos émotions
Vous êtes en colère, frustré, découragé. Quoi de plus normal ? C’est comme en physique, toute l’énergie mise dans ce projet ou cet objectif doit se retrouver quelque part. Si vous aviez réussi, il y aurait eu de la joie. Si vous échouez, il y a d’autres émotions. La colère exprime le besoin d’agir, de réagir. La tristesse exprime le besoin de se recentrer sur soi. La frustration est un état qui marque le fait d’être privé de quelque chose auquel on pensait avoir droit.
Exprimez vos émotions, car sinon, si vous les gardez à l’intérieur, elles se retourneront contre vous. Rappelez-vous que les émotions sont le langage de l’inconscient et que les écouter c’est donc vous écouter vous-même. Rappelez-vous aussi que l’inconscient gagne toujours contre le conscient. Et si vous ne l’écoutez pas au moment où il est facile de décoder les émotions, il s’exprimera plus tard, sous une forme plus difficile à comprendre.
Si vous n’avez pas de mots pour exprimer ces émotions, je vous propose un petit exercice tout simple basé sur la respiration :
- commencez par fermer les yeux
- centrez-vous sur votre émotion
- imaginez qu’à chaque expiration, vous sortez un peu de cette émotion
- vous pouvez-même visualiser ce qui sort, un peu comme de la boue ou autre chose
- sentez le corps qui se relâche et l’esprit qui s’apaise au fur et à mesure que vous laissez sortir ce qui doit sortir
- quand vous sentez que vous êtes libéré, prenez une bonne respiration et ouvrez les yeux
Enfin, une fois que vous aurez sorti de vous ces émotions négatives, cela fait de la place pour la motivation. Et c’est cette énergie là qui va vous aider à repartir !
Acceptez votre échec
Accepter, c’est acter la situation, c’est faire le constat de ce qui est. Ce n’est absolument pas renoncer. C’est une étape nécessaire pour pouvoir reconstruire. Si votre voiture est en panne, vous pouvez toujours la regarder en pensant très fort et en répétant : « elle va repartir, elle va repartir », vous avez peu de chance de succès. Par contre, si vous acceptez : « oui, ma voiture est en panne », alors vous allez pouvoir faire des actions constructives.
Une fois que vous avez accepté : « oui, ce projet a échoué », alors vous pouvez vous poser cette question importante pour la suite : « qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? »
Prenez du recul
La philosophie du devenir
Pour prendre du recul, je vous propose de vous dissocier de l’échec, c’est à dire de ne pas vous identifier à lui. Dans son livre Les vertus de l’échec, Charles Papin évoque à ce sujet deux philosophes grecs : Héraclite et Parménide. Pour Héraclite, le monde est en mouvement, en devenir, et les philosophies qui en découlent font la part belle à l’expérience. Parménide au contraire met l’accent sur l’essence et pour lui le réel est représenté par un Etre immobile et éternel. Ces deux approches amènent à considérer l’échec de manière très différente. D’un côté, il s’agirait du mouvement normal de la vie. De l’autre, l’échec pourrait porter atteinte à notre essence. Pour dépasser nos échecs, nous avons intérêt à les considérer comme des événements normaux de la vie. Nous choisissons alors la philosophie du devenir, nous choisissons Héraclite.
Les niveaux logiques
Du point de vue de la PNL, nous obtenons la même distinction en considérant les niveaux logiques. Ce modèle contient sept niveaux : l’environnement, les comportements, les capacités, les croyances, les valeurs, l’identité et le niveau spirituel/mission de vie (appartenance à quelque chose de plus grand que soit). Il permet d’aider à identifier ce qui est en jeu dans une problématique.
Imaginons par exemple un joueur de tennis appelé Jean. Il vient de perdre un match important. Du point de vue des niveaux logiques, cela pourrait donner ceci :
- environnement : le public était acquis à son adversaire.
- comportements : il a raté trop de services
- capacités : il manque de concentration, il ne sait pas faire abstraction du public
- croyances : ce joueur est mieux classé que lui, Jean ne pouvait rien faire
- valeurs : le tennis, ce n’est pas si important
- identité : Jean est un perdant. Il le sait, on le lui a toujours dit
- spirituel/mission de vie : le tennis ne contribue pas à la mission de vie de Jean
Pour pouvoir rebondir sur un échec, il vaut mieux le placer au niveau des comportements et des capacités. Nous pouvons alors agir pour nous améliorer. L’échec ne doit surtout être placé au niveau de l’identité, ce qui paralyserait toute action. Les niveaux logiques d’une personne sachant rebondir sur ses échecs pourraient ressembler à ceci :
- environnement : le public était acquis à son adversaire.
- comportements : il a raté trop de services => Jean va travailler ses services pour les améliorer
- capacités : il manque de concentration, il ne sait pas faire abstraction du public => Jean va faire des exercices pour augmenter ses capacités de concentration
- croyances : on peut toujours battre un joueur mieux classé que soi.
- valeurs : « un esprit sain dans un corps sain »
- identité : Jean sait qu’il est quelqu’un de bien
- spirituel/mission de vie : le tennis apporte à Jean un équilibre qui lui permet d’être en forme pour réaliser sa mission de vie.
Apprenez la leçon de vos échecs
Une fois que vous avez pu vous libérer des émotions liées à un échec, que vous avez accepté cet échec et que vous le considérez comme un comportement ou un capacité et non un élément de votre identité, vous êtes prêt pour apprendre la leçon de cet échec. Nelson Mandela disait : « je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ».
Dans l’orgueil blessé qui suit un échec, se trouve une énergie qui peut être utilisée pour décortiquer ce qui n’a pas fonctionné chez nous et ce qui fonctionne mieux chez les autres. Cet exercice amène une meilleure connaissance de ce qui est en jeu. Et finalement celui qui échoue va par la suite faire consciemment ce que celui qui ne connaît pas l’échec fait inconsciemment. Et conscientiser certaines choses permet de les améliorer encore et ainsi de passer un seuil et d’être encore plus performant.
Essayez à nouveau
Une fois la leçon apprise, le seul moyen de savoir si elle a été comprise, est de mettre en pratique et de réessayer.
Il est à noter que dans certaines disciplines, les échecs font partie intégrante du processus de réussite. On les appelle alors des essais. C’est le cas des chercheurs qui font les hypothèses, les testent puis corrigent en fonction des résultats. C’est aussi le cas des activités de création dans lesquelles les créateurs font des croquis, des maquettes, des prototypes avant d’arriver au résultat final. Ainsi, Edison a fait des milliers d’essais avant d’inventer l’ampoule électrique. Quand on lui demandait comment il avait pu persévérer malgré cela, il répondait : « je n’ai pas échoué des milliers de fois, j’ai réussi des milliers de tentatives qui n’ont pas fonctionnées ».
Alors essayons, échouons et essayons encore jusqu’à intégrer cette maxime de Churchill : « Le succès, c’est aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme ».