La réponse à cette question m’est parvenue il y a de cela 15 à 20 ans dans un théâtre lyonnais. Ce jour-là Fabrice Luccini déclamait quelques belles pages de la langue française. Et parmi les choix de Mr Luccini se trouvait une fable de La Fontaine : Le meunier, son fils et l’âne. Laissez-moi vous raconter cette histoire.
Le meunier, son fils et l’âne
Ce jour-là, le meunier et son fils décident d’aller vendre leur âne à la foire. Pour que l’âne arrive en bonne forme, et pour pouvoir mieux le vendre, ils lui lient les pattes et décident de le porter. Bien entendu les passants se moquent d’eux et font remarquer que « le plus âne des trois n’est pas celui qu’on pense ».
Alors le meunier change de stratégie. Il délie son âne et le fait monter par son fils âgé d’une quinzaine d’années, pendant que lui-même marche derrière. Là encore, cela ne convient pas à tout le monde. Des marchands interpellent le jeune homme, lui reprochant de faire marcher son père alors que lui-même se repose.
Le meunier entend cet argument. Il fait descendre son fils et lui-même monte l’âne. Cette fois, ce sont des jeunes filles qui passent et qui trouvent honteux de laisser marcher ce jeune fils. Elles trouvent aussi un air nigaud à ce vieil homme assis sur son âne.
Nouvelle critique, nouvelle stratégie. L’homme fait monter son fils sur l’âne, derrière lui. Cette fois, les passants se fâchent de la maltraitance infligée à l’animal qui doit porter deux personnes. Ils insinuent même que le meunier ne pourra plus vendre que la peau de l’âne.
Alors les deux hommes descendent de l’âne et marchent à côté. Bien entendu, ils furent jugés bien bêtes de se fatiguer et d’user leurs chaussures alors qu’ils avaient un âne.
Lassé de toutes ces critiques, le meunier s’écrie : « Je suis âne, il est vrai, j’en conviens, je l’avoue. Mais que dorénavant on me blâme, on me loue ; Qu’on dise quelque chose ou qu’on ne dise rien ; J’en veux faire à ma tête ».
Et c’est que que « [le meunier] fit et il le fit bien ».
Conclusion
J’aime bien raconter cette histoire qui illustre bien l’illusion de vouloir plaire à tout le monde. Souvent, je la raconte à des personnes qui se plaignent de s’être perdues à force de vouloir plaire.
Alors pour répondre à la question posée en titre de cet article : il n’y a pas de méthode pour plaire à tout le monde et ce n’est pas souhaitable. En y réfléchissant bien, vous allez même certainement trouver des personnes à qui vous n’avez pas du tout envie de plaire ! Si vous trouvez une méthode pour plaire à tout le monde, c’est une méthode de séduction. Ces techniques peuvent convenir pour établir un premier contact ou pour une relation de courte durée. Mais à long terme, vous ne pourrez pas être bien dans une relation si vous n’êtes jamais vous-même.
Prendre le risque de déplaire, c’est aussi d’affirmer et dire qui l’on est. C’est donc se respecter et finalement, c’est se plaire plus à soi-même !
NB : vous pouvez trouver l’original de cette fable ici : Le meunier, son fils et l’âne.